Titrer le devenir

Je sens, je soupèse, je figure, je dévale mon âme, contre l’injonction moderne d’un embrassement de la vie dans ses dimensions les plus sordides ; je ne désire pas moins que renouveler le sang qui doit circuler dans toutes les veines plus fluidement, et je sais cependant la difficulté de cette entreprise. Trouvons-nous cheminant des vallées, des montagnes, des creusets de vie où rien de mauvais sauf notre propre psychologie (à purifier dans un mouvement ascendant) ne se signale.

« Je ne sais encore la beauté d’un ciel – ou médiatement ! – mais, pour autant, je formule comme souhait de vivre autrement, par la nature, et je crois que c’est ainsi que mon devenir doit conjuguer passions et réalité abrupte du monde, que je ne saurais comprendre non plus par la connaissance limitée que je lui attribue. » Mais, pitiés ! Vivons dans l’instant plus que dans le rêve déchargé de sa dimension psychique.

C’est certes alors effrayant, que tout ceci, cette monstration de chacun à chacun, sans espoir, et nos espaces gangrenés par l’ambition et l’avarice, et par ce business qui fait expirer chacun en des douleurs sans fin. Avançons toutefois, réalisons notre bonté première, attrapons-la en cours de route quand elle est échappée, rejetons l’inutile et le monstrueux, soyons ce qu’on ne saurait saisir de première instance. Devenons, en acte, ce que nous sommes vraiment, enfin.

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La Musique, particulièrement, sait soigner nos troubles quand elle est pure et réalisée ; elle est un modèle qui structure le monde sensible dans ses impulsions, ses réceptions que le corps projette en lui. Chacun reconnaît en elle de la valeur quand elle se présente, et nul ne devrait la rejeter. Par elle, par sa mise en équation dans la danse, dans la contemplation qu’elle procure, par les liens qu’elle occupe avec Dieu, reprenons un espace délaissé de l’être, mais éduquons, propageons la Parole, sans mettre quiconque à l’écart. Osons nous tourner vers l’Autre, radicalement, avec conscience, le bien senti et le bon voulu tout ensemble. 

 

Noli me tangere, Fra Angelico, 1450

 

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