Ce que résume la sensation rapportée à l’esthétique, ce me semble être le sonnant rappel d’une vérité, que l’être se remémore en lui. Quand, de surcroît, je me représente la temporalité lors de mon expérience esthétique, le sentiment d’une totalité s’exprime, et c’est comme par une sorte de lien insécable que nous y sommes tenus. L’expérience esthétique est seule véritable, ce pourquoi nous ne pouvons pas dire d’une expérience insatisfaisante à quelques égards qu’elle est une expérience esthétique. Quand mon souffle qui me berce de l’inchoation de mon action à son terme est coupé, soit de part en part, soit un moment seulement, je ne peux faire une expérience pleine et réelle. La totalité accompagne l’intériorité dans une expérience esthétique ; quand l’intériorité est bousculée par un ressort néfaste de l’extérieur, elle ne peut que s’apprécier malheureusement. C’est pourquoi l’intuition, qui est une sorte de tentative première d’adéquation à l’objet, appartient à l’expérience esthétique, dans sa dimension gnoséologique.
La théognosie, de là, est une fin attachée à l’expérience esthétique : je pense en effet que l’on peut pénétrer Ses voies quand nous nous comprenons comme un être entier, et ainsi dans la prière, tentative qui se révèle féconde, pour celui qui se pourvoit d’un cœur, d’accéder à la béatitude éternelle – verum gaudium. L’être humain qui voilerait Sa face se pensera en esprit, alors qu’il se trouve à peine au seuil de la matière terreuse. Nous autres qui sommes échoués sur notre recommencement perpétuel, nous voudrions aller, de droit, à Dieu – quand bien même l’heure n’est pas arrivée ; alors que nous irons cependant, si nous le méritons, vers Lui, quand les couches et les monceaux de noires terres s’effondreront peu à peu sous nos pieds, à l’aube de la parousie. C’est notre éducation qui est un chant sacré en vue de respecter ce qui est profondément ; c’est en vertu d’elle que nous nous appliquons à la contemplation du Vrai, de ce qui se dégage parmi les ténèbres.
Cette clarté sensible allant, au vrai, pour Dieu –
Je me veux la toucher comme saint Jean l’apôtre
Afin d’y attacher, selon que vous, l’adieu.
Aussi j’ai tant prié que dans mon apparaître,
Se confondent plusieurs faces, visages, fronts.
Tout en haut est le Vôtre : il s’assemble en cet Être –
D’un autre royaume est, celui que nous offrons.
Sous des aspects divers,
Ou l’homme, ou ses hivers
Adorent l’Univers.
Le Christ parmi les anges, Rosso Fiorentino, circa 1525
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