Je sois ce calme offert à la conscience qui le mérite, près des arbres ombreux ; mais jamais nous ne sommes laissés.
Je sois une minute d'ombre parmi le chaos ambiant qui la soustrait, mais le pire est à venir.
Je sois l'éternité vécue de l'espace immense à la saisie infinie, en ce jour d'espérance, mais la fleur jaune obstrue ma Vision.
Je sois la mère de l'Enfant-Jésus, occupée à cathédrale aux pilastres éclatants ; mais les cannelures vieillissent, et rien n'observe de cette aube pâle.
Je sois un jour somptueux, concentration de la Rencontre essentielle ; mais l'assombrissement arrive, souvent, après que l'on a renoncé au bien.
Je sois ton Image, ô mon Âme ; mais tu ne me reviendras plus, et je doute de t'aimer.
Je sois les souvenirs de plénitude, comme lavé de toute fêlure ; mais le sang,
le sang est toujours, et il éclatera en nos veines et en dehors.
Il ne sera pas notre victoire attendue.
Je sois ton œuvre, réquisit à toute substance, ô ma fille, ô ma mère ...! Mais l'œuvre est cryptique, et elle s'échappe.
Je sois la familiarité de l'univers, le visage amène de la liberté ; mais derrière, sont toujours des artères renfouis.
Je sois l'Esprit, la fluence lente des eaux tièdes et communes ; mais la partie se désolidarise.
Je sois, quelquefois que je sois, une chose, un occupement ; mais la larme bue à la rivière est chaude, et elle remonte au corps qui la sent, mauvaise.
Je sois l'écoute, le sens ; mais l'herméneutique, les lignes brisées, l'expertise inquiète : tout cela ne laisse pas de décevoir.
Je sois une fois la remontée des enfants, l'eau claire des jours ; mais j'ai soif, et j'ai foi, que je sois.
Je sois, certainement, cette époque-ci ; mais je n'ai croix encore,
et, quelque plainte qu'elle fût, ma peine n'était pas le miroir qui permît que je sursisse au labor,
ni, la fente par où est la lumière,
et ni non plus (si elle était,) la blessure où était l'effroi.
Vincent van Gogh, Nuit étoilée sur le Rhône, septembre 1888
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