Recherche mystique

Le matin fait rosir les larmes tant pleurées
Que, dans un seul instant, capture mon aimée.

Je ne sais sa figure, et son nom n’est connu ;
C’est de quelque façon que je vis son corps nu.

Elle contient la foi, la prière et le pleur,
Et dans mon esprit se grave de tant d’ampleur...

J’ai crié sa face au sein de toute mon œuvre,
Je l’ai cherchée. Serpente comme une couleuvre,

Défends-toi des mauvais, de ces faiseurs de lois,
Crache l’âcre venin des puissants, de nos rois.

Tels sont les dictamens à sa couche attachés,
Tel nul ne la perçoit : ses lieux ne sont tâchés.

Mon amour je me prends vraiment à le rêver ;
Dans mon songe peut surgir sa main, me laver.

Mon amour vous êtes de toute éternité -
Nulle chose ne vous a conçue que l’été,

La saison de l’excès, raison de tant d’amours,
Attente étoilée, et perte de tant de jours.

Soyez le motif vrai de coupes de roseaux,
Pour que l’attente, un ciel, remonte toutes eaux ;

Pour que de votre bouche un nom, le mien, s’échappe,
À cette fin que tous célèbrent – notre hâte.



Gustave Moreau, Pietà, 1876


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